Lorgues

Lorgues et l'abbaye du Thoronet
 Les relations de Lorgues et de l'abbaye du Thoronet ont été au cours des siécles assez conflictuelles. Le comte de Provence Alphonse II, de la Maison de Barcelone ayant cédé en 1209 une grande partie de sa suzeraineté sur Lorgues à l'abbaye, la ville n'eut de cesse par la suite de se libérer de cette encombrante tutelle et ne retrouva sa pleine liberté qu'en 1698 aprés un long conflit juridique qui s'étala sur plusieurs siécles.
Impasse du Paty à Lorgues, se trouvait le logis abbatial cistercien occupé par le représentant de l'abbé du Thoronet.

Extraits résumés de "Lorgues Cité franche de Provence" de Louis Nardin :

Dés sa naissance l'abbaye retint l'attention des autorités souveraines.
Par testament du 11 septembre 1209 Alphonse II, comte de Provence, légua au monastère les droits qu'il possédait sur Lorgues.
La cité protesta déclarant ne relever que de l'autorité comtale , à qui elle fit appel.
Par une transaction passée le 6 avril 1304 , le comte-roi reconnaissait que la ville de Lorgues et son territoire appartiendrait toujours à son domaine, mais il abandonnait à l'abbaye une grande partie de ses droits.

Lorgues pendant trois siécles chercha sans cesse à se dégager de cette emprise.
D'autant plus que les abbés, profitant de leur puissance et de la faiblesse des comtes de Provence, interprétaient constamment les clauses de manière abusive pour accroitre leur pouvoir.
La lutte fut particulièremen vive et longue , Lorgues fit tous ses efforts pour échapper aux empiétements de l'abbaye sur ses libertés et chercha inlassablement à récupérer ce dont la convention de 1304 l'avait dépouillé.
De nombreux et interminables procés se déroulèrent entre les deux parties, toutes deux acharnées à défendre leurs intérêts et toutes deux extrêmement procédurières.
Les incidents étaient d'autant plus fréquents et faciles à provoquer que l'abbaye possédait dans Lorgues une quantité de biens immobiliers et de droits souvent mal définis.
Les motifs de litiges ne manquaient pas , la pluspart des procés duraient des années et se terminaient par un compromis, une transaction.

La ville proposa à diverses reprises de racheter tous les droits de l'abbaye en versant un capital correspondant aux revenus que l'abbaye en retirait.
Les pourparler durèrent des années et le 8 novembre 1628 une sentence rendue par des arbitres choisis par les deux adversaires finit par être acceptée.

Les arbitres étaient: Messire Barthélemy Camelin, évêque de Fréjus, le marquis de Trans et des Arcs, Henri de Latour seigneur de Tourtour, Pierre de Perrache seigneur d'Ampus et Jacques Peissonel avocat à la Cour.
L'abbaye abandonnait tous ses droits et redevances qu'elle avait à Lorgues ainsi que la plupart de ses biens fonciers. La ville donnait en échange à l'abbaye 6000 livres et jusqu'à que cette somme soit payée une rente annuelle de 180 livres.
Cette transaction favorable à la cité était due à l'abbé Honoré de Chieusse qui était originaire de Lorgues et y avait encore sa famille.

Aprés la mort de cet abbé, son succésseur Jean de Grasse, conseiller d'État, abbé du Thoronet et de Nogent, Seigneur de la Val de Cabris, refusa de reconnaître la validité de l'accord sous prétexte qu'il n'avait pas été ratifié par le Supérieur Général de Citeaux.
Des pourparlers s'engagèrent donc en 1665 et aboutirent à une nouvelle transaction en 1667.
L'abbaye cédait tous ses droits et biens sur Lorgues, la ville devait verser 18 000 livres dont 6000 pour les droits et 12 000 pour les biens fonciers, assorties d'une rente annuelle de 900 livres jusqu'au paiement total. Les deux parties renonçaient à tous les procès en cours.

Mais l'affaire ne fut pas réglée, car devant des conditions si onéreuses pour la communauté, le Conseil général de la ville, composé de la municipalité et des chefs de famille refusa à son tour de ratifier l'acte.
Le successeur de l'abbé de Grasse, le seigneur Adhèmar de Monteuil de Grignan présenta , le 5 décembre 1693, une requête au parlement d'Aix pour obliger Lorgues à exécuter la transaction de 1667. la cité refusant, l'abbé demanda alors l'annulation de toutes les transactions passées et son rétablissement dans tous ses droits et biens de 1304.

Le procés dura quelques années et donna lieu le 12 septembre 1698 à un accord final et à peu prés définitif: la transaction de 1667 devait être entièrement éxécutée; la ville devait payer certes des sommes importantes mais elle obtenait ainsi le rachat de tous les droits dont elle voulait s'affranchir depuis trois siècles et demi.

A partir de cette date les conflits entre Lorgues et le Thoronet disparurent. Les rapports entre les deux partenaires devinrent même assez étroits.
La règle de l'abbaye devenait de moins en moins sévère et s'accomodait au 18 eme siècle de richesses et mondanités assez éloignées de la doctrine de Citeaux.
En 1771 l'abbaye demanda à réunir ses religieux au chapitre de Lorgues, mais ce projet ne reçut l'approbation ni de l'évêque de Fréjus ni de l'archévêque de Bourges.
La tourmente révolutionnaire emporta l'ancienne toute puissance abbaye.


 

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